27 février 1945 (Croix – Nord) / 12 janvier 2013 (Wancourt - Pas-de-Calais)
L’histoire de Yamaha en France se confond avec celle d’un homme, Jean-Claude Olivier. Présent à la création de l’importation de la marque sur le sol français, il en a assuré la direction pendant 45 ans. Si les premières Yamaha vendues en France l’ont été par le motociste Levallois-Motos, c’est très rapidement la société Sonauto, déjà importatrice des Porsche, qui va assurer la diffusion des motos frappées des 3 diapasons. Gonzague Olivier, père de Jean-Claude, qui est resté très lié à Auguste Veuillet, patron de Sonauto avec qui il a remporté la victoire aux 24 Heures de Paris en 1955, demande à son ami s’il ne pourrait pas prendre son fils en stage. Nous sommes en 1964, et Jean-Claude Olivier se retrouve missionné pour créer un réseau de distribution Yamaha en France. Il part sur les routes au volant d’un fourgon J5 avec quatre machines à l’intérieur, un 50, un 80, une 125 et une 250, bien décidé à convaincre les marchands de motos de la qualité des Yamaha. L’année 1965 se conclut avec 117 ventes, elles seront 330 en 1966, 550 en 1967 et plus de 1000 en 68.. Constructeur inventif, Yamaha développe de nouveaux produits et crée à la fin des années 60 une gamme de trail bikes qui fait immédiatement un malheur auprès des Américains qui apprécient ces motos loisir.
Devancer la demande, JCO voit dans ces modèles qui marient route et tout-chemin jolis, propres et faciles à conduire, un excellent moyen de sortir la moto de sa marginalité et de conquérir une clientèle plus large. Profitant de ses nombreuses relations, il parvient à convaincre Brigitte Bardot de rouler une journée entière au guidon d’une 125 AT1. Des dizaines de photographes sont à l’affût pour prendre des clichés qui feront la Une de tous les journaux people de l’époque. Lui-même passionné, Jean-Claude Olivier a du flair, ressent intuitivement les modèles qui vont marcher et, plus important encore, est capable d’imaginer ceux qui manquent à sa gamme. L’homme n’hésite pas à donner de sa personne pour assurer l’image de ses motos.
D’une grande habileté au guidon, il s’engage au Bol d’Or du renouveau en 1969, au guidon d’une 250. Lors de la foire de Paris 1971, costumé et cravaté, il se lance dans une démonstration indoor des possibilités d’un des premiers trails entrés en France devant un parterre de spectateurs médusés. Restées célèbres également, ses roues arrière avec la XS1100 qui permirent d’imposer une image presque sportive d’une moto qui ne l’était pas. L’engagement de la XT dans l'Abidjan-Nice 1976 est une autre intuition, comme l’insistance pour que soit produite la RDLC, ou que la V--Max, initialement réservée aux seuls américains, débarque en France. Pour convaincre les Japonais qui ne consentaient à lui attribuer que 10 exemplaires pour sonder le marché, JCO a une nouvelle idée géniale. Il confie une V-Max à un ami, très célèbre dans le « tout St Tropez », pendant toute la saison d’été. A la rentrée de septembre, ce sont 30 commandes fermes qui sont sur son bureau.
Ce feeling, ce sens du bon produit au bon moment, mais aussi son management agressif qui permet à Yamaha de chatouiller Honda, puis de le dépasser au niveau des ventes en France vont asseoir l’influence de Jean-Claude Olivier auprès de la haute direction de Yamaha au Japon. C’est un homme qu’on respecte, une voix qu’on écoute.
Un patron qui s’engage L’autre trait qui caractérise la personnalité de Jean-Claude Olivier, c’est sa passion de la compétition. Au delà des noms de légende intimement liés à Yamaha, les Patrick Pons, Christian Sarron, Jacky Vimond ou Stéphane Peterhansel, ils sont des centaines de pilotes de vitesse, de Moto Cross, d’enduro ou de rallye-raids à avoir pu compter sur un soutien direct ou discret de l’importateur. Soucieux de stimuler le sport moto en France, Jean Claude Olivier s’est à maintes reprises engagé personnellement dans des compétitions pour assouvir son goût des défis. On retiendra ses 25 participations à l’Enduro du Touquet qu’il finit 15 fois dans les vingt premiers. Et puis il y a les Paris Dakar. Neuf participations entre 1979 et 1996 et six fois à l’arrivée dont une fois à la seconde place en 1985.
En 2009, après 45 années d’une étroite et unique collaboration avec Yamaha, Jean-Claude Olivier souhaite préparer son départ à la sa retraite et passer le relais à un successeur. Le choix, qui va suivre un processus de recrutement classique, se fait naturellement sur Eric de Seynes et le 1er septembre de cette année, celui-ci est nommé C.E.O/ Directeur Général de Yamaha Motor France.Lors d’un rendez-vous avec la presse, entouré de 450 invités, Jean-Claude Olivier remet la clé de l’entreprise à Eric de Seynes. « J’ai connu Eric dans les années 80, commente alors Jean-Claude Olivier. A l’époque, il a été à l’initiative de l’implication de Mobil dans la moto, puis avec Gauloises il nous a aidés à boucler nos programmes vitesse en Grand-Prix avec Christian Sarron. Après ses 11 ans à mes côtés, et 8 années dans l’édition et l’événementiel lié aux sports mécaniques, il s’est forgé, une très solide expérience. C’est avec sérénité que je lui passe aujourd’hui le relais ».
JCO et Sonauto La fantastique histoire de Yamaha en France est indissociable de la carrière professionnelle d’un homme atypique, au caractère affirmé, Jean-Claude Olivier. Mais avant lui, un autre homme est à l’origine de la distribution des Yamaha en France. Tout commence avec la création par Auguste Veuillet d’un établissement spécialisé dans la vente des automobiles de luxe, qui devient en juillet 1947 Sonauto. En 1950, il achète la première Porsche "française". Contact lié avec Ferdinand Porsche au salon de Paris, est décidée une participation aux 24 heures du Mans. Une victoire de classe récompense l’entreprise, victoire que malheureusement Ferdinand Porsche, décédé en janvier 1951, ne peut savourer. Mais de cette aventure naît une franche confiance avec Ferry Porsche et Auguste Veuillet obtient la distribution des automobiles Porsche pour la France. La société s’agrandit et déménage rue Paul-Valéry, Porte des Ternes. Auguste Veuillet, véritable passionné de compétition, s’illustre aussi en 1955 aux 24 heures de Paris, associé à un pilote émérite, Gonzague Olivier, père de Jean-Claude, sur une Porsche spider en remportant l’épreuve. Cette relation entre les deux hommes, Auguste et Gonzague, permettra dix ans plus tard au jeune Jean-Claude Olivier de faire un stage chez Sonauto... Le début d’une fabuleuse histoire. 1965 - Création d’un département moto chez Sonauto Monsieur Veuillet s’intéresse aussi au marché du deux-roues et, en 1964, décide de distribuer en France des motos fabriquées au pays du Soleil Levant et qui portent le nom de Yamaha. Et c’est au jeune stagiaire Jean-Claude Olivier, qui rêve de devenir pilote comme son père Gonzague, qu’est confiée la responsabilité d’établir un plan de "bataille" pour distribuer les produits. Parmi les propositions faites par Jean-Claude Olivier, est retenue celle consistant à sillonner la France avec une camionnette, dans laquelle sont logés les quatre modèles de la gamme importée : un 50, un 80, une 125 et une 250 bicylindre. Pour séduire les revendeurs potentiels, la méthode est simple : les motos sont présentées et surtout mises à leur disposition pour essais. La création effective du département moto chez Sonauto remonte au mois de septembre 1965. Après une mise en route rapide de celui-ci, Jean-Claude Olivier démarre l’aventure Yamaha en France avec quatre représentants, Messieurs Arliguie, Cougourdan, Flamand et Koehl. Les qualités des motos sont rapidement reconnues et, dès la première année complète, 117 machines sont vendues. Les années suivantes connaissent une forte croissance : 330 ventes, 550 et passer le cap des 1000 ventes en 1969. Les points de vente augmentent eux aussi régulièrement, et leur nombre passe de 28 la première année à rapidement plus de cent. On connait la suite ! |
VIDEOSINTERVIEW ERIC DE SEYNES NOUS PARLE DE JEAN CLAUDE OLIVIER