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Pierre Étienne Samin

 Photos : Bruno Laurent - Michel Picard - Pierre Eteinne Samin
Gérard Délio - Stan Perec - Manfred Mothe


Pierre Étienne Samin est l'archétype du pilote d'endurance qui aurait pu, qui aurait du réussir une superbe carrière en vitesse. Car Pierre Étienne, le roi de la pôle position, allait vite, très très vite, comme lors des 8H de Suzuka 1982 où aux essais, sur un circuit difficile, il bat tous les cadors japonais qui connaissent pourtant parfaitement le circuit au guidon de leur moto d'usine. 

Pierre Etienne sais tu que tu es à l'origine de l'une de mes pus belles colères contre ce "système" qui n'a pas su reconnaître le talent à l'état pur. C'était en 1985, grâce à Georges Godier et à Serge Rosset tu obtiens le guidon d'une Honda 500 NSR et tu termines 5e du GP de Hollande à Assen et 6e du GP de France ... quand on sait que tu n'avais jamais mis les fesses sur la selle d'une 500 de Grand Prix et quand on connaît la difficulté à piloter ce genre de machine, on imagine l'EXPLOIT et ton TALENT... mais l'aventure GP 500 s'est arrêté là ... d'où ma colère et ma frustration de voir un tel gâchis ... 25 ans plus tard, modestement, je suis heureux de te rendre hommage. 
Francis Octobre 2010 
PS : Merci à Fabrice Raoult de m'avoir permis de rentrer en relation avec Pierre Etienne



FB : Bonjour Pierre Etienne, peux tu te présenter ? 

PES : Je suis né le 17 juin 1956 à Camembert (dans le fromage qui pu), marié à Maryse , 2 fils (26 ans et 21 ans) , 1 fille de 13 ans , 1 petite fille de 5 mois. 

FB : Tes débuts en moto ? 

PES : J’ai passé mon permis moto à 16 ans en 1972 

FB : Tes débuts en compétition ? 

PES : Tout a commencé en 1975 ... j’étais un peu fou sur la route et j’ai vu dans une revue qu’il y avait une école de pilotage sur des 125 Motobécane compé-client au Mans , je me suis inscris , j’ai eu comme professeurs Jean-claude Chemarin et Gérard Debrock .Dans le cadre de cette école il y avait un challenge et je me suis retrouvé en finale avec Thierry Espié mais comme je n’avais pas fait mon service militaire, la préférence pour devenir pilote d’usine sur la 125 Motobécane est revenu à Thierry ce qui était logique . En contre partie l’ASMACO m’a prêté une 125 de l’école et fourni toutes les pièces pour faire une saison 1976 j’avais comme mécano mon père toujours en forme aujourd’hui du haut de ses 88 ans. 

FB : Alors tu t'es lancé dans la course moto ... ? 

PES : Oui, en1976, j'ai commencé à faire des résultats en course de côte. Pour ma première compétition moto je gagne la course de côte d’Orbec et ensuite celle de St Germain/Iles. Et pour ma première course sur circuit je termine 6ème à Lédenon. Mais en 76, j'ai connu beaucoup de casses moteur, quelques chutes et des difficultés pour courir car j’étais à l’armée.

FB : Ensuite tu t'inscris à la Coupe Kawa ? 

PES : Effectivement en1977 je termine 8ème de la Coupe et en 1978 je remporte à la fois la Coupe Kawa et le Trophée Europa (1er à Spa – 1er au Castellet). Cette année là je débute également en endurance et je termine 2ème du 1er Bol d’Argent sur une 650 Z Kawasaki avec Pierre Costes. 

FB : ... ensuite ... ? 

PES : En 1979, je chute au 24h du Mans sur une Kawasaki Z1R privée. Il pleuvait lors de ces 24H du Mans, Christian Bourgeois m’avait prêté des bottes en caoutchouc jaune (je m’en souviens encore), guidonnage et éjection dans la courbe Dunlop résultat fracture ouverte de la cheville 1 mois d’hospitalisation 3 mois de plâtre. Cette année la j'obtiens quand même une belle 5ème place au 2ème Bol d’Argent sur une 1000 MK2 Kawasaki avec Zanotti. 

FB : En 1980, en plus de l'endurance, tu décides de tenter ta chance en vitesse ? 

PES : J'ai pu acquérir deux Yamaha TZ privées une 250 et une 350, ma meilleure place fut 3ème à Nogaro en 250cc. Cette année là je participe également au Trophée du Million je fini 6éme au général et 2ème en 350cc derrière J-F Baldé. Pour le GP de France j'avais super bien réussi mes séances d'essais puisque je fait le meilleur temps de la 1er séance qualificative et je suis 7ème sur la grille de départ de la catégorie 250, malheureusement je casse mon moteur au tour de chauffe et je n’ai pas pu prendre le départ. Toujours en 250 cc je termine 7ème au Moto Journal 100 sur le circuit Paul Ricard. Pour l'anecdote, lors de cette course, il y avait un pilote qui me suivait discrètement, il prenait des partiels sur le circuit Paul Ricard pendant les essais. Après les 24H du Mans 1980 ce pilote m’a contacté pour éventuellement faire équipe avec lui sur la Suzuki semi-officiel c’était Jean-Bernard Peyré. Il m’a mis à l’essai pour 2 courses (Allemagne et Autriche). Ma carrière s’est alors dirigé vers l’endurance.

FB : Et en Endurance ? 

PES : Je termine 7ème des 24H du Mans avec Frédéric Fourgeaud sur Kawasaki JET MOTORCYCLE préparé par les frères Lefèvre. Avec Jean Bernard nous terminons 5e au Nurburgring pour mes débuts sur la Suzuki semi-officielle, nous gagnons à Zeltweg et nous obtenons une belle 4ème place à Suzuka. Malheureusement, Jean Bernard se tuera dans un accident de la route, mais en hommage, la famille a voulu être présent au Bol d’or en engageant 2 motos ... associé à Franck Gross je gagne le Bol. 

FB : En 1981, c'est la consécration tu deviens pilote officiel ? 

PES : Effectivement je fais équipe avec Jacques Luc sur une Suzuki officielle ... nous engrangeons les bons résultats : 1er au 24H de Spa, 2ème au 8H de Suzuka, 3ème aux 8H du Nurburgring, 2ème au 1000km du Mugello, 2ème à Donington (nota Pierre Etienne et Jacques Luc termine 5e du Championnat du Monde d'Endurance, championnat remporté par Roche et Lafond sur Kawasaki.). C’était le début du SERT ,mon père était intégré dans le team pour donner un coup de main c’était super. 

FB : Tu ressignes avec Suzuki en 1982 ? 

PES : Oui en 1982 je suis de nouveau pilote officiel Suzuki mais avec Dominique Pernet comme coéquipier. Cette année la on remporte deux courses les 24H du Mans et les1000km de Zeltewg. Mais mon meilluer souvenir cette année là c'est ma pole position aux 8H de Suzuka, je crois que je suis le seul Français jusqu’à aujourd’hui a l’avoir réalisé... mais on termine 10ème de la course. La course avait été raccourci de 2H car il y avait un Typhon qui était passé au dessus du Japon. Il tombait des trombes d’eau avec du vent. Je me souviens de la longue glissade sur le cul de J-C Chemarin dans la ligne droite des stands. Nous faisions de l’aqua-planning et il était très difficile de rester sur ses roues. Les motos s’entassaient le long des rails de sécurité, les commissaires n’avaient pas le temps de les enlever alors ils mettaient les blocs de mousses qui servaient à nous protéger des rails de sécurité sur les motos accidentées, il fallait être japonais pour gagner cette année là. 

FB : Cette année là tu a été le recordman de pôles 

PES : Oui j'ai réalisé 9 pôles sur 10 

FB : 1983, c'est ta dernière année avec Suzuki ? 

PES : Je suis toujours pilote officiel Suzuki avec Dominique Pernet on réalise de bons résultats mais on ne gagne pas : 2ème au 6H de Silverstone, 4ème au Nurburgring, 3ème au 24H de Spa., 4ème à Jarama, 5ème à Suzuka, 6ème au Mugello. Suzuki sera quand même championne du monde avec Hervé Moineau et Richard Hubin mais se retirera du championnat du monde d’endurance. Je me suis retrouvé sans guidon, Georges Godier m’a contacté pour faire le championnat de France production. 


FB : En 1984 tu roules pour les verts ... ? 

PES : Oui je suis pilote Godier Genoud sur Kawasaki 1135R et avec cette machine je remporte le titre de Champion de France Production (Superbike maintenant). Sur 14 courses : 14 pôles positions – 14 victoires – 14 records du tour. 1984 est également l'année de création de ma société de mécanique de précision. 

FB : Tes supers résultats en championnat de France te permettent de retrouver le guidon d'une moto officielle ? 

PES : Oui, en 1985 je deviens pilote Kawasaki France sur Godier Genoud. Je remporte de nouveau le championnat de France Production. Je termine 12ème au championnat du monde GP500 en ayant fait que 2 courses (5ème au GP Hollande à Assen et 1er Français sur Honda 500 NSR et 6ème au GP de France au Mans sur Honda 500 NSR). Je n’avais jamais piloté de 500 GP avant ces 2 courses. Sous les conseils de Georges Godier, Serge Rosset m’a donné l’opportunité de courir les 2 GP . 

FB : Les années suivantes tu restes fidèle à Kawa ? 

PES : En effet en 1986 je suis toujours pilote Kawasaki France mais juste pour le pour le championnat de France Production avec une 1000RX toujours préparée par Georges Godier. Je termine 5ème de ce championnat. par contre en endurance je fini 4ème des 24H du Mans avec Richard Hubin et Christian Sarron mais sur une Yamaha. En 1987 je suis toujours pilote Kawasaki France pour le championnat de France Production sur 1000RX, je termine encore 5e du championnat. Par contre en endurance je reste chez les verts. Je fais 4ème aux 24H du Mans avec Thierry Crine et Pierre Bolle et 5ème au 8H de Suzuka avec Thierry Crine sur une 750 GPX à cadre Pierre Doncques 

FB : 1988 tu arrêtes la compétition 

PES : Oui en fin d'année 1988 j'arrête la compétition. Ce fut une année en demie teinte. Je suis encore pilote Kawasaki France mais pour 4 courses seulement car mon entreprise me prenait beaucoup de temps. J'abandonne aux 24H du Mans ... mais ça se passe mieux aux 8H de Suzuka puisque sur une 750 GPXR je termine 3e avec Adrien Morillas comme coéquipier. Je dois également abandonner au Bol d’or ... j’avais fait le 2ème temps à 1/100è de Dominique Sarron. Mon regret cette année là, ma chute lors de la manche française du championnat du Monde Superbike au Mans. Je tombe dans le dernier tour à cause d'un attardé qui m’a fermé la porte dans la chicane Dunlop ... c'est dommage car j'étais en bagarre avec Stéphane Mertens pour la 3ème place. 

FB : De toutes ces années de compétition peux tu nous confier quelques bons souvenirs ? 

PES : Mes meilleurs souvenirs seront bien évidement mes victoires au Bol d’Or 1980 et les 24H du Mans 1982, les saisons avec l’équipe de Dominique Méliand, les deux Grand Prix 500 et la saison 1984. 

FB : Et des mauvais souvenirs ? 

PES : Les mauvais souvenirs dans une carrière de pilote sont les disparitions d’amis : Jean-Bernard Peyré , Georges Godier , Jean Monnin ... et les chutes. 

FB : As tu gardé des contact dans le monde de la compétition moto ? 

PES : Oui, j’ai gardé le contact avec Dominique Méliand et l’équipe du SERT ... cette équipe est d'ailleurs pratiquement la même qu'à mon époque. J'ai encore des contacts avec Jean-Claude Chemarin et Dominique Pernet ... mais pour les autres c’est toujours un grand plaisir de se retrouver lors des manifestations. 

FB : Vas tu encore sur les circuits voir des courses motos ? 

PES : Je regarde tous les GP à la télé mais je ne veux pas me déplacer sur les circuits car le contact avec les pilotes est difficile et l’ambiance a beaucoup changé. Je suis de tout cœur avec nos français qu’ils soient en 125, 250 ...Moto2 maintenant... ou Moto GP. Je suis particulièrement Mathieu Lagrive qui est un super pilote et peut devenir champion du monde de Superbike si on lui en donne les moyens je connais bien son père Patrick et son Oncle Eric, ils habitent à 30km de chez moi. 

FB : Roules tu toujours en moto ? 

PES : Actuellement j’ai toujours mon entreprise de mécanique de précision, je roule de temps en temps avec mes 2 fils Guillaume (GSXR600) et Jean-Patrick (650SV) sur un Vmax de 1992. Je m’étais acheté cette moto d’abord pour le look mais surtout pour ne pas être tenté d’aller vite. 

FB : Quels sont tes loisirs en dehors de la moto ?

PES : Mes loisirs sont le VTT et le quad, je possède un 800 Can Am. Je fais une sortie par mois dans la région ou à l’extérieur, j’adore. Nous nous retrouvons une dizaine de copains et on fait des sorties de 100 à 250 km par jour et en nocturne . 

FB : As tu eu l'occasion de rouler sur des "anciennes" ? 

PES : J’ai eu la possibilité de rouler sur des anciennes motos grâce à Dominique Méliand, Olivier Desmurs, Alain Genoud et Yves Evrard lors des manifestations Motos Légendes ou Trophées Gérard Jumeaux. C’était vraiment émouvant et je les remercie encore. Il est vrai que mon rêve serait d’en posséder une de mon époque et de rouler de temps en temps mais mon emploi du temps est très chargé avec mon entreprise et ma famille . 

 FB : Un très grand merci pour ta disponibilité Pierre Etienne 

PES : J'espère avoir répondu à tes question, je te remercie et espère te rencontrer lors d’une prochaine manifestation. 

INTERVIEW PIERRE ÉTIENNE SAMIN
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