De «Fast Frreddie » à « E.T. »
Quand, en 1980, les pilotes et les spectateurs britanniques voient débarquer en Angleterre, lors du traditionnel « match Anglo-Américian», un tout jeune pilote américain de 19 ans, timide et réservé, ils ne se doutent pas un instant que ce « gamin », qui a déjà 15 ans de moto dans les jambes, va leur causer bien des problèmes en piste. Après ses titres AMA, Freddie Spencer se mesure au gratin de la vitesse anglaise et repartira du sol de la « Perfide Albion » avec deux victoires et deux secondes places. Compte tenu du plateau en piste dans son camp et dans le camp adverse (voir ci-dessous) et de la non connaissance des circuits, on peut parler d’exploit.
Lien : http://www.pit-lane.biz/t4056-oldies-match-races-1980-freddie-spencer
E.T. n’était pas encore né, car c’est 4 ans plus tard que ce surnom d’Extraterrestre allait lui être décerné, mais « fast freddie » commençait à faire parler de lui en Europe.
Match Anglo Americian 1980 Equipe Grande Bretagne : Graeme Crosby (Suzuki 653, 500), Mick Grant (Yamaha 750), Chris Guy (Yamaha 750), Ron Haslam (Yamaha 750), Keith Huewen (Yamaha 750), Roger Marshall (Yamaha750), John Newbold (Yamaha 750). Alan Pacey (Yamaha 750), Steve Parrish (Yamaha 750), Dave Potter (Yamaha 750), Barry Sheene (Yamaha750), Stan Woods (Suzuki 500). Equipe USA : Dave Aldana (Suzuki 1024), Skip Aksland (Yamaha 750), Wes Cooley (Suzuki 1024), John Long (Yamaha 750), Randy Mamola (Suzuki 653, 500), Kenny Roberts (Yamaha 750), Richard Schlachter (Yamaha 750), Dale Singleton (Yamaha 750), Freddie Spencer (Yamaha 750). |
Détail des courses sur le site du regretté Vincent Glon
http ://racingmemo.free.fr/M%20COURSES%20INTER/MOTO%20MATCHUSGB.htm
Ses Débuts
F Frederick Burdette Spencer Junior dit Freddie Spencer est né le 20 décembre 1961 à Shreveport, une petite ville du nord de la Louisiane. Encouragé par son père et ses frères, il commence la moto à l’âge de 4 ans et on le retrouve très vite, dès l’âge de 5 ans, sur les pistes de dirt trick de Louisiane et du Texas . A 11ans il emporte 11 courses de short trick et de dirt trick. Comme beaucoup de pilotes américains, Freddie apprend l’art de la glisse sur ces tracés, mais pour un jour pouvoir devenir « Number One », il doit également courir sur « bitume ». Ce qu’il fit avec brio en remportant, en 1978, toutes les courses du Championnat 250 Novice.
En 1979, Freddie court dans le Championnat AMA 250 (National Lightweight, maintenant appelé 250 Grand Prix) et le 16 juin 1979, il remporte à Loudon son premier Championnat National AMA. Il bat pour l’occasion un certain Eddie Lawson. Cette même saison il commence également à courir en catégorie Superbike sur une Ducati du team de Reno Leoni mais quand Mike Baldwin se blesse, Kawasaki US l’appelle pour le remplacer. C’est donc sur une Kawasaki qu’il se fait remarquer lors de la course de Sears Point en devenant le plus jeune pilote à remporter une course « AMA Superbike Nationale », à 18 ans et 8 mois. S’ensuivent d’autres victoires, qui l’amènent à la 3e place du classement final derrière Wes Cooley Jr. Et Ron Pierce.
Lien : http://www.superbikeplanet.com/superbikearchive1979.htm
En 1980, Honda monte une équipe officielle pour courir le championnat « AMA Superbike » et embauche Freddie qui va encore faire des étincelles puisqu’il offre à Honda sa 1ere victoire dans cette compétition, le 1 juin 1980, lors de la course de Elkhart Lake (Wisconsin). Il terminera finalement 3e du classement final du Championnat AMA Superbike.
Toujours en 1980, le père de Spencer, qui gérait sa carrière, obtint de Honda la permission de courir sur d’autres machines, les courses qui n’étaient pas au programme de la marque. Freddie et son père choisirent donc les TZ250 et TZ750 préparées par Erv Kanemoto pour le Howard Racing Team, motos grises à bande bleue. C’est sur ces machine que Freddie se rendit en Grande Bretagne disputer le 10e match Anglo Américain (voir ci-dessus) avec le succès que l’on connait.
En 1981, Spencer partage son temps entre les Etats Unis et l’Europe. En championnat du monde il aide Honda à développer sa 500NR 4 temps. A l’époque c’était une véritable « attraction » de voir cette moto 4 temps parmi la meute hurlante des 2 temps. Pourtant cette machine n’était pas une réelle nouveauté, puisque c’est en 1979 que Honda lance ce projet un peu fou, ou tout au moins en avance sur son temps. Les pilotes de l’époque s’appelant Mick Grant et Takazumi Katayama. La grande nouveauté de ce V4 on pouvait la retrouver à l’intérieur, puisque que ce moteur était équipé de pistons ovales à 32 soupapes. A son guidon, lors du Grand Prix de Grande Bretagne, Freddie a réussi à hisser la machine jusqu’à la 5e place … avant de casser. La meilleure place finale de la moto fut une 13e place au grand Prix d’Autriche, pilotée par Katayama.
En 1982, Spencer va consacrer pratiquement tout son temps pour les Grands Prix, mais avant son départ pour l'Europe il remporte la course de Daytona « Bell 100 Superbike ».
Pour les Grands Prix, abandonnant le moteur 4 temps, Honda construit pour Spencer une moto faite pour lui. Il s’agit d’un 3 cylindres 2 temps (V3). Cette moto colle très bien au style du pilote américain qui désire rester le moins longtemps sur l’angle dans un virage afin d’accélérer le plus tôt possible. On est loin d’u style coulé d’un Christian Sarron qui a longtemps piloté sa 500 comme une 250 … tout en finesse et trajectoire. La technique Spencer, qui sera plus tard repris par les plus grands, est plus « sèche », plus efficace car plus directe.
Avec ce nouveau style et avec cette moto, pour sa première année complète en Grands Prix, Spencer fait mieux que de la figuration. En effet, au guidon d’une cette Honda NS 500, il devient le plus jeune pilote à avoir remporté un Grand Prix dans la catégorie reine, c’était le 4 juillet 1982 à Spa, journée de la fête nationale américaine. Il récidivera un peu plus tard en remportant le GP de San Marin. Au classement final il sera 3e du Championnat 500.
Spencer c’est le pilote de tous les superlatifs. Rigoureux, très doué et d’une volonté extrême il va tout faire pour être l’unique, le plus grand, le plus fort.
C’est ainsi qu’en 1983, il devient le plus jeune pilote Champion du Monde 500. Avec ses 6 victoires, ses 3 deuxièmes place et une 3e place, on pourrait croire que Freddie s’est « baladé », que nenni, la saison fut âpre, notamment avec son compatriote Kenny Roberts qui montera également sur la plus haute marche du podium à 6 reprises. La saison comptant 12 courses, 6 victoires pour Spencer et 6 victoire pour Roberts, les comptes sont vite fait, les deux pilotes US se sont partagés le gâteau, laissant des miettes à leurs poursuivant également américains, Randy Mamola et Eddie Lawson.
ET FAST FREDDIE DEVIENT E.T.
En 1984, Freddie doit développer pour Honda une nouvelle machine, une 500 mue par un moteur V4 qui sera désignée sous le sigle 500NSR. Mais le développement de ce nouveau V4 Honda vaut à Spencer quelques déboires et il perd sa couronne. Pourtant cette année jonglant avec la 500 V4 et la 500 V3 il gagne 5 Grands Prix (3 avec la V4 et 2 avec la V2), mais avec 6 résultats blancs, Freddie termine à la 4e place du Championnat du Monde. C’est finalement Eddie Lawson sur Yamaha 500 V4 qui remporte le titre.
Toujours plus … tel pourrait être la devise de Freddie Spencer et à l’aube de la saison 1985, après avoir gagné les 200 miles de Daytona en mars, il lance un fabuleux défi, essayer de remporter le titre dans deux catégorie la même année, en 250 et en 500. C’est vrai que Freddie a le soutien inconditionnel du premier constructeur mondial, mais le pilote américain va faire preuve d’incroyables facultés physiques et mentales pour enchaîner les séances d'essais et les courses avec deux motos différentes. En 500, il va lutter toute l’année avec son éternel rival, Eddie Lawson qui pilotait une véloce 500 Yamaha OW81. Avec 7 victoires, faisant même l’impasse sur le dernier Grand Prix suite à une blessure à un doigt, Freddie gagne la moitié de son pari … être Champion du Monde 500. En catégorie 250, la lutte sera encore plus féroce entre l’Américain et l’Allemand Anton Mang. Au classement final, Freddie l’emporte avec 3 petits points d’avance. « Fast Freddie » remporte son pari et devient pour toujours « E.T. ». en remportant pour la première fois dans l’histoire de la moto les titres 250 et 500 la même année*.
*14 autres pilotes avaient réussi 25 doublés : Agostini (350/500 en 68, 69, 70, 71, 72), Hugh Anderson (50/125 en 63), Ballington (250/350 en 78 et 79), Duke (350/500 en 51), Haas (125/250 en 53), Hailwood (250/350 en 66 et 67), Hocking (350/500 en 61), Mang (250/350 en 81), Nieto (50/125 en 72), Read (125/250 en 68), Redman (250/350 en 62 et 63), Surtees (350/500 en 58, 59 et 60), Ubbiali (125/250 en 56, 59 et 60) et Villa (250/350 en 76).
Mais Freddie Spencer n’est ‘il pas allé trop loin ? il ne le sait pas encore, mais à force de toujours vouloir plus, la belle mécanique humaine va finir par casser.
Pour le premier Grand Prix de cette année 1986, en Espagne, tout pourtant commence bien pour Freddie qui signe la pole position. Mais en course, alors qu’il est largement en tête, il doit abandonner pour cause de tendinite et c’est Wayne Gardner qui remporte la course. Freddie devra subir une intervention chirurgicale, mais le ressort qui l’animait depuis des années est belle et bien cassé.
Pourtant Freddie s’accroche et ne veut pas jeter l’éponge et après trois années noires (1986, 1987 et 1988), Freddie tente un « come back » en 1989 en intégrant le team « Yamaha Marlboro » de Giacomo Agostini avec comme coéquipier Niall Mackenzie. Sa meilleure place sera 5e en Espagne et il terminera 16e au classement final.
En 1993, le Team Yamaha Motor France le convaincra même de participer, à 31 ans, à une dernière saison de Grand Prix. Nouvelles blessures, nouvel échec.
On retrouvera ensuite Freddie dans quelques courses américaines. En 1995, il remporte la course Superbike sur le Circuit de Laguna Seca
Freddie SPENCER ne réussira à retrouver son équilibre qu'en s'installant à Las Vegas, où il occupe de son école de pilotage.
Mais tous les fans de l’époque, dont je faisais partie, garderont en mémoire le style inimitable de Freddie et pour toujours il restera E.T.
FRANCIS BOUTET
Freddie SPENCER en quelques dates
Naissance en 1961, à Shreveport, Louisiane
Débuts à moto à 4 ans
Débuts en compétition à 5 ans
11 victoires en Short Track et Dirt Track à 11 ans
1977 : 12 victoires en national
1978 : victoire dans toutes les courses de l'AMA 250, catégorie Novices
1979 : Champion AMA 250 catégorie Expert, en gagnant toutes les courses, sauf une deuxième place.
3e du Championnat AMA Superbike Nationale.
1980 : Intègre l’écurie Honda en AMA Superbike. Débute également en Europe, où il gagne deux manches du match Anglo-Américain, devant Kenny Roberts et Barry Sheene.
Termine 3e du Championnat AMA Superbike.
1982 : 1er de la course Superbike de Daytona.
Plus jeune vainqueur d'un GP 500, le 4 juillet 1982
1983 : 1er de la course Superbike de Daytona.
Champion du Monde en 500 cm³ sur la Honda NS 3 cylindres
1984 : 1er de la course Superbike de Daytona.
4 victoires en 5 courses disputées sur la toute nouvelle Honda 500 NSR - 4e au mondial 500.
1985 : Vainqueur des 200 miles de Daytona. Vainqueur de la course 250 de Daytona. Vainqueur de la course Formula One de Daytona.
Champion du Monde 250 cm³ (10 courses, 6 pole position, 7 victoires) et 500 cm³ (11 courses, 9 poles, 7 victoires)
1986 : absent du championnat 500 cm³
1987 : termine 20e du championnat 500 cm³
1988 : suspension de sa carrière pour raisons physiques
1989 : signe chez Yamaha dans le team Agostini
1990-1992 : interruption de sa carrière
1993 : signe chez Yamaha motor France pour sa dernière saison en GP
1995 : 1er de la course Superbike à Laguna Seca
Palmarès de Freddie SPENCER
. 27 victoires en Grand Prix
. 3 titres de Champion du monde
. 250 : 1985
. 500 : 1983, 1985.
Références : http://www.pit-lane.biz/t4056-oldies-match-races-1980-freddie-spencer
VIDEO Interview de Freddie Spencer lors de la manifestation Vichy Classic 2017. Interview Jean Claude Jacq, cardeur et montage Francis Boutet. Une exclusivité BIKE 70 |
VIDEO 1983 San Marino Freddie Spencer vs Kenny Roberts DUKE VIDEO |