Photos Pierre Arnaud - Philippe Folie Dupart
Jacques Roca, un nom qui résonne dans la mémoire des motards. Pour beaucoup, Roca est synonyme de "tuning", d'habillage moto et son nom est souvent lié à celui de Suzuki et plus particulièrement à celui de la 750 GT. Les connaisseurs savent également que Jacques était un sacré compétiteur spécialiste des petites cylindrées. Il était l'un des chefs de file de la vitesse française dans les années 60 et au début des années 70... Vous vous souvenez certainement d'un casque orné d'un scorpion ... c'était Jacques Roca. Mais Jacques c'était également un super préparateur, "grand sorcier" des moteurs deux temps.
Mais savez vous que Jacques a commencé sur deux roues, dans les années 50, en étant un grand espoir ... du cyclisme français.
En effet après de très belles courses il est sélectionné pour le prestigieux Tour de France 57... mais la guerre d'Algérie en décida autrement. Sa jeep saute sur une mine, grièvement blessé, il évite l'amputation de justesse, mais sa carrière cycliste est terminée.
Il débute la compétition moto en 1959 avec une 175 Puch double piston préparée par et avec son père (merci à Jacques Bussillet pour la précision). Il s'engage au Bol d'or 59 sur une 175 Morini il est alors associé à Esme. Ils gagnent leur catégorie et ce sera la première de ses 200 victoires. Jacques est remarqué par l'usine Derbi et en 1961 il devient pilote officiel.Il va alors accumuler les victoires et les titres de champion de France en catégorie 50 cc (1962, 1963, 1964, 1975).
En 1966, Jacques change de catégorie, il se bat désormais en 175 cc sur Bultaco et en 350 cc sur sa Ducati .. il est sacré Champion de France dans ces deux catégories.Mais il n'y a pas qu'en Championnat de France qu'il fait des étincelles. Il se bat également devant dans les courses internationales. En 1967, avec son monocylindre Bultaco, il termine 7e du Grand Prix de France 250 et premier privé (seuls les 6 premiers marquent des points).
En 1969 il marque ses premiers points en Championnat du Monde, catégorie 50 cc, en terminant 7e du grand Prix de France sur Derbi et il termine 4e en catégorie 125, toujours sur Derbi.
Jacques est un bon pilote, mais il aime également la mécanique et en 1968 il monte la première structure course pour Yamaha Sonauto. Mais c'est avec la marque Suzuki que Jacques va entamer une longue collaboration. C'est à la fin de l'année 68, en allant chercher des pièces, qu'il va rencontrer Pierre Bonnet l'importateur Suzuki - Kreidler. En effet après avoir, par hasard, réglé la Suzuki T500 d'un client qui passait par là ... Pierre Bonnet avoue à Jacques que jusqu'ici personne n'était parvenu à la mettre au point ... et impressionné par le talent de Jacques, Pierre Bonnet l'engage comme Directeur Technique, il est chargé également de trouver des concessionnaires.
Mais le nom de Roca est associé à la 750 Suzuki GT qui apparaît en 1972. Ce trois cylindres, deux temps, refroidi par eau, fait fureur pendant un an et ensuite les ventes stagnent. Alors Suzuki demande à Jacques de trouver une astuce pour écouler le stock important que l'importateur avait sur les bras. Jacques va alors créer pour cette machine une coque spéciale, le résultat est très beau.. La moto plait énormément et le stock de 800 machines est écoulé en quelques semaines. L'année suivante, Jacques va améliorer sa réalisation avec des jantes à bâtons, des coloris "spéciaux" et un carénage intégral. Il réalisera même pour le salon 1973 un exemplaire unique, une 750 Roca entièrement plaquée or !
Jacques décide également d'amener la 750 Suzuki sur la piste, dés 1972 il participe, notamment aux 1000 km du Mans et en 1973 il prépare une machine pour le Bol d'Or ... mais sa machine n'est pas retenue pour un retard à la pesée ! En 1975, il s'engage au Tour de France au guidon de l'une de ses machines... il est bien placé au classement général, quand une camionnette lui coupe la route... direction l'hôpital.Il quittera Suzuki suite à des divergences de vue avec un nouveau dirigeant... mais pour son départ les concessionnaires de la marque lui firent un cadeau qui le toucha profondément, une superbe 750 GT Roca toute neuve qu'ils avaient retrouvée pratiquement intacte.Jacques monte à son tour un magasin multimarques, mais il ne peut s'empêcher de réaliser des transformations sur les machines qu'il vend. Il obtient d'ailleurs la Hit Bike Cup qui récompense la préparation la plus belle. Jacques nous ne t'oublierons pas ...
décès de Jacques Roca, le lundi 30 juillet 2007
TEMOIGNAGESMichel CHEVESSIER
Bonjour, En lisant les mails du RTgroup yahoo je viens d apprendre par le biais de votre site le décès de jacques .Comment témoigner ? Jacques a été pour moi au début de l'aventure des 750 3c ylindres dans les sides . J ai été le premier pilote a intégrer ce moteur dans un châssis qu'YVES KERLO avait dessiné.Que de galères avec les joints spi de vilebrequin qui lâchaient très souvent . Jacques avec son fidèle mécano ( J'ai oublié son nom ) cherchait en permanence le petit truc pour trouver la parade….le jour ou j ai gagné à Monthlery , il m'avait dit, "tu vois il faut toujours persévérer dans la vie." Grâce a ses contacts j'avais réussi à me procurer un 750 cm3 ex TEUVO LANSIVUORI auprès de la SAIAD importateur SUZUKI in Italie .Je garde en mémoire les RDV dans le petit café à Boulogne à proximité de chez BONNET .... Dans l'attente
Michel Chevessier.
Christophe Guyot (GMT 94)
Cher Francis, Nous avons tous une histoire avec Jacques Roca. En 1983, j'étais bien loin de la course. Je ne la connaissais pas. Tout au plus, avais je entendu parler des exploits d'un certain Christian Sarron pas encore champion du monde. Mais je connaissais les "Roca". J'en ai d'abord rêvé. Je m'en suis acheté une. Elle était magnifique, jaune, unique, parfaite. Elle a malheureusement piteusement fini sur le périphérique entre les portes de Gentilly et d'Italie... En 1988, je rencontre Brigitte, ma femme d'aujourd'hui. Elle me pousse à Carole, aidée d'un ami Jean Pierre, motociste à Ivry sur Seine. Et c'est l'achat de la RG 500. Avec Tony Livaudais, un ami de longue date, celui des virées folles à moto, nous nous retrouvons chez Jacques Roca, le spécialiste de la Gamma. Un moment inoubliable. Je me rappelle sa passion, sa disponibilité, sa gentillesse. Une émotion comparable à celle que j'ai ressentie le jour ou j'ai pénétré dans l'antre de Jacky Germain, un autre grand de la moto française. Très vite la 350 RDLC a remplacé ma 500 qui n'avait plus sa place en promosports. Mais j'ai eu la chance de retrouver Jacques Roca à plusieurs reprises sur les circuits de vitesse. J'ai eu le privilège d'échanger des mots avec lui. Je m'associe à tous ceux qui garderont un souvenir ému de cet homme extraordinaire.Amitiés Christophe.
L'hommage de Jacky Hutteau
Et merde !!! Après Jack Findlay, voilà le tour de Jacques Roca. Cette saleté de "crabe" qui ne te lâche pas une fois qu'il s'est accroché, et il aura pourtant essayé de s'en sortir notre copain Jacques. Quelle vilaine et si triste nouvelle. Je vois son fiston à chaque GP, et il me tenait informé de son évolution, mais on finit par croire, par espérer, que peut être çà va passer, lui permettre de rester encore avec nous quelque temps... le revoir toujours souriant, malgré toutes ses difficultés.Je l'ai évidemment connu et vu courir, sur tous les types de motos, du 50 Derbi à la grosse Suzuki, sans oublier la Yamaha officielle RD 56 qu'il avait pu obtenir en prêt de l'usine pour une ou deux courses. Je l'ai connu au travers de ses magasins, et plus particulièrement quand je me suis occupé du Salon de la Compétition de Paris, sous la direction de JF Rageys, et que nous avions ouvert les stands au Tuning. Il m'avait poussé à organiser le concours de la plus belle moto du salon, et il avait grâce notamment à l'Ultra Light pu le gagner. Je crois bien qu'il l'avait remporté à deux reprises sur les 5 ou 6 éditions, mais il était toujours si enthousiaste, toujours prêt à se lancer dans une nouvelle aventure, jamais avare d'informations pour ses copains clients.Jacques je l'ai rencontré la première fois en rentrant du GP de Charade 1967, et en panne avec ma 250 Morini, après avoir passé la nuit dans la gare de Nevers, je m'étais rendu dans sa petite boutique, ouverte le lundi, malgré son retour du GP, et je l'ai vu en pleine conversation avec d'autres pilotes français (Ruyssen notamment je crois),avec une verve, avec une passion, qui m'ont donné envie moi aussi d'essayer.Merci Francis de nous avoir prévenu. Jacques ne peut pas partir sans que tout le monde le sache, il aimait trop les autres.
Jacky
Jean François Quinet se souvient
C'est avec tristesse que je viens par votre intermédiaire d'apprendre le décès de Jacques Roca. Il était un grand pilote, d'une grande modestie. Le souvenir le plus marquant que j'ai de lui doit se situer en 64 ou 65 à Montlhéry. Je pilotais une Moto Rumi et me trouvais en avant dernière ligne. Quelques minutes avant le départ Jacques Roca juste derrière moi "rafistolait" le pot de sa machine (je crois une Bultaco) avec du fil de fer. Pour moi ce moment est resté grand car il prouvait qu'à cette époque on pouvait être grand tout en étant désargenté et très modeste, ce qu'il a à ma connaissance toujours été. Tous les amateurs de moto se souviendront de cet homme simple et attachant.
Jean-François Quinet
En seize années de compétition moto , de 1959 à 1975 , Jacques Roca a plus qu'honorablement rempli sa carrière , engrangeant 200 victoires , sept titres de champion de France , quatre titres de vice-champion et un titre Européen de la montagne.1962 , 1963 , 1964 , 1965 : champion de France 50 cm3 sur Derbi
1966 : champion de France 175 cm3 sur Bultaco et 350 cm3 sur Ducati .
1971 : champion de France 50 cm3 sur Kreidler .
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