Photo Damien Follenfant
Frank Perris fait partie de ses pilotes, « piliers » du Continental Circus qui a consacré sa vie au sport moto. Frank est l’exemple du pilote qui a couru à la charnière de deux époques, les années 60 avec principalement des constructeurs britanniques et le début des années 1970 avec l’arrivée des motos japonaises et des pilotes modernes.
Frank Perris est né le 28 mai 1931 à Toronto, au Canada, pourtant Frank est bien un citoyen britannique. En effet, la famille Perris, migre au Canada pour suivre le papa de Frank, Cecil George Perris, qui est représentant d’une grande société britannique. Les parents de Frank reviennent en Grande Bretagne lorsqu’il a 7 ans. En raison des activités de son père, Frank doit régulièrement changer de résidence au Royaume Uni. Avec une scolarité un peu perturbée, du fait des fréquents déménagements, Frank entame très vite une formation professionnelle de dessinateur dans la construction, dans une entreprise à Chester.
Le père de Frank est un grand amateur de moto, il a d’ailleurs été pilote de side car pendant la 1ere guerre mondiale. Il emmène son fils sur l’ile de Man voir les courses du Tourist Trophy et Frank attrape le virus de la compétition moto. Frank participe à sa première course de moto en 1950 sur le circuit de de Rhydymwyn en Galles du Nord au guidon d’une 500 cc Norton CS1 de 1931 !!!
La vieille Norton a ensuite été remplacée par une Velocette MK 5 KTT plus « jeune », datant de 1935 ! Frank décide alors de courir au Royaume-Uni et en Irlande, ainsi que sur le "continent".
En 1953, Frank effectue son service militaire. Cela va un peu perturber les courses auxquelles ils devaient participer. Mais il est ensuite muté dans une unité stationnée à 5 km du circuit de Silverstone et dont le commandant est lui-même pilote de moto cross … sans commentaires.
En 1954, avec l’aide de John Vickers il peut courir sur un « bitza » réalisé à partir d’un cadre de Norton dans lequel a été mis un moteur de Triumph, cette moto fut appelée JV Spécial. Ensuite Frank a utilisé une Norton Manx.
Comme beaucoup de pilotes à l’époque, Frank doit travailler pour gagner de quoi se payer ses motos et ses déplacements, il est dessinateur dans un bureau d’étude de Londres. Mais en 1955, la chance lui sourit, car Jock West le manager de l’écurie AJS l’appelle pour le faire rentrer dans l’équipe à double titre, comme pilote et comme « technicien » chargé du développement de la moto.
En 1956, Frank est pilote dans l’écurie AJS dont le directeur de course était Jack Williams (père de Pierre, qui, en 1971, était le première et seul vainqueur de GP 350 sur MZ). Avec ces motos il obtient de bons résultats en Grande Bretagne et en Irlande. 1956 a été également une année importante dans la vie de Frank, c’est cette année-là qu’il rencontre, le 11 août, lors du Grand Prix d’Ulster, une certaine Rita Stoepel, qui allait devenir sa femme le 15 décembre 1956.
L’aventure AJS se termine fin 1957, mais John Vickers lui offre deux Norton Manx, préparées par le célèbre Ray Petty. Le succès ne tarde pas à venir et entraîne Ray à demander à Frank s’il ne désire pas faire des piges en Grands Prix. Frank est bien entendu ravi de cette proposition.
Frank courre son premier Grand Prix en 1960, c’était le Grand prix de France en catégorie 350, où terminant 6e de la course au guidon de sa Norton, il marque son premier point en Championnat du Monde. Il finira 13e du classement final du Championnat du Monde.
En 1961, toujours sur Norton il repart en 350, mais « monte » avec succès en catégorie 500. En effet dans la classe des demi-litres, Frank Perris va réaliser 3 podiums sur les quatre courses disputées. Il terminera 3e du classement final en 500, derrières les MV Agusta de Gary Hocking et Mike Hailwood.
Fort de ses bons résultats, Frank décide de contacter l’usine Suzuki par l’intermédiaire de son manager Matsumiya. Frank aimerait bien piloter la 250 RV, mais les tractations furent longues mais finirent par aboutir.
C’est ainsi qu’en 1962, en plus des japonais, deux européens, Ernst Degner et Frank Perris, seront pilotes d’usine Suzuki (50 et 125). C’est Degner qui développera les machines japonaises et le « nouveau » pilote d’Allemagne de l’Ouest offre à Suzuki sa première victoire en GP et sera sacré Champion du Monde des 50cc en fin de saison. Pour Frank, dont le gabarit n’est pas vraiment celui d’un pilote de petite cylindrée, c’est plus compliqué et il ne marque que 2 points en catégorie 125 (Suzuki) et en catégorie 250 (Suzuki). En fin d’année, hors, championnat, à Suzuka (Japon),Frank réussit à intercaler son 50 Suzuki à la 2e place entre la Honda de Tommy Robb et celle de Naomi Taniguchi.
En 1963, en plus de Perris et Degner, Suzuki recrute Hugh Anderson et Bert Schneider. Frank se consacrera presqu’exclusivement à la catégorie 125. Les Suzuki progressent grâce au travail de Degner, mais cette année sera finalement compliquée, faite de hauts et de bas. Mais après deux podiums et quelques désillusions, Frank Perris obtient la consécration, en remportant le dernier Grand Prix qui se déroule au Japon. Suprême honneur, il gagne au guidon de sa 125 Suzuki , sur le circuit fétiche du concurrent. Honda, qui a, par ailleurs, remporté toutes les autres catégories. Au Japon, Frank est également inscrit en catégorie 250. Lors de cette course, Degner , Anderson et Perris partiront au guidon de la nouvelle 250 Suzuki 4 cylindres RZ63s. Dès le premier tour, la course tourne au drame. Degner chute dans l'un des premiers virages et celle-ci est si violente, qu’il perd connaissance. Par malheur le carburant qui s’échappe du réservoir prend feu et l’incendie risque de brûler gravement le pilote a terre. Frank Perris ayant raté son départ assiste à la chute de son coéquipier et n’écoutant que son courage il s’arrête et sauve Degner des flammes. Grâce à cette intervention, Degner guérira de ses blessures.
Finalement, en catégorie 125, avec 3 podiums dont une victoire, Frank Perris terminera à une belle 4e place au classement final du Championnat du Monde.
En 1964, Frank pilote toujours ses 125 et 250 Suzuki usine, avec les mêmes coéquipiers européens. La saison commence mal pour le pilote britannique. Lors du 1er Grand Prix, celui des USA (Daytona), Franck se casse la jambe aux essais des 250 et devra déclarer forfait. En catrégorie 125, Il ne montera qu’une fois sur le podium (France) et terminera à la 7e place au mondial.
Sa meilleure saison fut 1965, année où il a remporté deux courses en Championnat du Monde 125cc au guidon de sa Suzuki usine (Allemagne de l’Est et Tchécoslovaquie). Frank Perris montera 8 fois sur le podium sur 8 courses disputées (dont 2 victoires). Cette belle régularité lui permettra de terminer vice-champion du Monde 125 derrière son coéquipier, Hugh Anderson. Dans cette catégorie, à noter la nouvelle chute de son coéquipier Degner au grand Prix des nations à Monza. Lors de cette chute Degner se casse la jambe et sera immobilisé à l’hôpital pendant 9 mois. Cette nouvelle chute après celle de Suzuka l’année précédente marquera pratiquement la fin de sa carrière.
En 1965, Frank Perris, participe également à quelques courses en 250 (Suzuki) et finira une fois sur le podium (3e au TT) et 9e au championnat du monde.
En 1966, il se classera 7e du mondial 125, toujours sur Suzuki. Fin 1966 Franck s’installe en Afrique du Sud et sera l’homme d’affaires de Mike Hailwood jusqu’en 1970. Avec Mike, il fonde la société PERWOOD Homes Ltd., qui s’occupe d'immobilier et aménagement du territoire près de Durban en Afrique du Sud.
1967, verra un évènement important pour la famille Perris, l’arrivée de leur fille Tara.
Ensuite on retrouvera Frank Perris plus épisodiquement dans les classements du Championnat du Monde.
En 1969 il termine 8e du Mondial 250 (Suzuki sponsorisé par Eddie Crooks )et fera un nouveau podium en GP lors de la course du Tourist Trophy.
En 1971, à 40 ans, on verra pour la dernière fois Frank dans le Championnat du Monde. Il marquera quelques points au guidon d’une 500 Suzuki, dont un dernier podium en GP au Tourist Trophy, course remportée par Agostini sur sa MV. Frank terminera 11e du classement final du championnat du monde 500. Cette année-là Frank marquera également des points en catégorie 250 en terminant 5e à Anderstorp (Suède) sur une Yamaha.
Suite à un appel téléphonique de Dennis Poore, Frank a été proposé comme directeur de « Norton Villiers Performance Shop » et gérera le Team John Player Norton jusqu'à sa disparition en 1977.
En parallèle de le course moto, Franck s’est intéressé très tôt aux avions, et obtint son brevet de pilote, ainsi il a pu piloter des avions comme des Piper ou Cesna, mais surtout il réussit a convertir à sa passion de nombreux pilotes motos comme Jack Ahearn, Jim Redman, Mike Hailwood, Phil Read et Bill Ivy. Sur la terre avec les motos, dans l’air avec les avions, il manque un élément à Franck pour être complètement heureux et effectivement en plus de ses deux passions il vogue de temps en temps sur l’eau, à la barre de grands yachts !
Franck fait quelques apparitions lors de manifestations « classiques » et il vit heureux avec sa femme Rita dans le sud du Pays de Galles.
Franck Perris est décédé le 17 mars 2015, d'une longue maladie non divulguée, selon sa fille, il fut enterré le 1er avril 2015 au crematorium de l'île de Wight. Il avait 83 ans
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