Philippe Monneret fait partie d'un famille de motards célèbres car la moto chez les Monneret, c'est une histoire de famille, un don, mais surtout une passion.
Philippe est le fils de Georges Monneret, l'un des plus grands champions de l'histoire du sport motocycliste (499 victoires). C'est également le demi-frère de Pierre, vainqueur du Grand Prix de France en 1954.
Philippe a commencé très tôt à suivre les traces de son père puisqu'il est recordman du monde à 13 ans, des 24 heures à cyclomoteur, sa passion ne s'est, depuis, jamais démentie. II la vit de rallyes en circuits, de championnats en grands prix.
Très soucieux de la sécurité des jeunes, il a également été à l'initiative, avec Jean-Pierre Beltoise, des écoles de pilotage auto-moto sur le circuit Carole.
Depuis 1992, en collaboration avec le Conseil Général des Hauts de Seine, il a ouvert un circuit à Meudon où il initie les jeunes à la conduite moto, et où sont formés les candidats au permis de conduire.
P. Monneret intervient dans le milieu du cinéma en formant de nombreux artistes pour le passage du permis moto : Paul Belmondo, Caroline Cellier, Patrick Bruel, Carlos, Philippe Lavil, Sabine Paturel, Emmanuel Pinda, Gérard Holtz, Dominique Chapatte, Patrice Lafont, Gérard Darmon, Tiki Holgado, Richard Berry, Hélène de Fougerolles, Gérard Depardieu, Mathieu Kassovitz…
Films : "Attention Bandits", "Le Poulpe", "Poker", "Pourvu que ça dure", "Un homme et une femme 20 ans après"… Outre son rôle de commentateur des courses Moto GP sur Eurosport et des essais motos sur TF1 / AUTOMOTO, Philippe assure une mission de conseil auprès d'AXA / CLUB 14 et a contribué à l'élaboration des "14 propositions pour la pratique de la moto en toute sécurité"
Interview de Philippe 2007
Malgré un emploi du temps très chargé, Philippe a accepté de répondre à mes questions.
FB : Philippe, peux tu nous parler de tes meilleurs souvenirs en Championnat de France
PM : Le meilleur souvenir en Championnat de France c'est ma victoire à Nogaro en 1976, avec la 125 Yamaha que m'avait prêtée Thierry Tchernine. C'était ma troisième course. Cela s'est passé sous les yeux de mon idole, Michel Rougerie, qui m'avait gentiment dit avant le départ " t'oublies pas, faut chauffer les pneus, mon pote… ". Il y avait un autre pilote qui représentait beaucoup pour moi, c'était Olivier Chevalier. Concernant Olivier, j'avais de dessiné sur mon casque un tigre, en souvenir de l'opération Jeunes Tigres qu'Olivier avait gagné. Je me souviens avoir croisé son regard ce jour là sur la grille de départ, il m'a fait un signe de tête qui voulait dire " tu vas voir ça va bien se passer ". Ce jour là j'étais monté dans la vieille tour de Nogaro sous les yeux de mes copains et de mon père … grosse émotion. Pourtant tu sais ce n'était pas facile d'être le fils de Georges Monneret, les mecs t'attendent au tournant.
FB : D'autres souvenirs de courses ?
PM : J'ai un grand souvenir des 24 H du Mans 1991, que nous avions remporté avec Rachel (Nicotte) et Bruno (Bonhuil). C'était à 5 ou 6 minutes de la fin course, Rachel était au guidon et bataillait pour contenir la Kawa qui remontait. Nous étions assis avec Bruno dans les coursives, isolés, et on s'était dit, soit dans quelques minutes on " devient des héros ", soit dans quelques minutes on reste des "baltringues "… Il n'y avait pas de témoin, juste tous les deux, on en a d'ailleurs reparlé pas longtemps avec son accident ….
FB : Peux tu nous parler de mauvais souvenirs ?
PM : Je n'ai pas de mauvais souvenirs qui me reviennent comme ça, bien sur j'ai eu des galères, mais on ne peut pas parler de mauvais souvenirs. J'ai eu des déceptions, des casses … dans ce registre là, je dirais, avec Bruno encore… quand on était en tête des 24 H du Mans 1994 avec la Suzuki , on a cassé un joint de culasse et on a fini 3e. Comme à Spa en 93 avec Mattioli, là aussi on devait gagner et on termine 2e … mais ce ne sont pas vraiment de mauvais souvenirs, ce sont plutôt des déceptions sur le coup. Mais tu as des courses ou tu finis 2e ou 3e, mais tu as quand même fait une superbe course et inversement il y a des courses que tu as gagnées qui ne te satisfont pas …
FB : Peux tu nous citer tes pilotes préférés ?
PM :Aujourd'hui celui qui m'impressionne toujours c'est Rossi.
FB : Et à ton " époque " ?
PM : Au niveau de la position du style, j'aimais bien Jean Michel Mattioli. Au niveau de l'amitié, Christian Lavieille et Bruno Bonhuil. Et au niveau de l'attaque, Fogarty. Mais mon pilote de légende c'est quand même Mike Hailwood…. sans oublier mon père.
FB : Peux tu nous parler de lui justement ?
PM : J'ai été élevé dans ce milieu moto et j'ai de supers souvenirs avec lui quand on a fait le record en 24 H en 1971 à Montlhéry (1256 km sur 104 Peugeot). Tu sais ça marque un gamin des moments comme celui là. Là je savais à 12 ans que je voulais être pilote. Il y avait une réel complicité entre nous, parce que je savais au fond de moi que compte tenu de la grande différence d'âge, on ne serait pas longtemps ensemble. Il se serait bien entendu avec Bruno, car ce sont deux mecs qui se ressemblaient, qui aimaient bien la vie … (émotion).
FB : Avec Bruno (Bonhuil) c'était une grande amitié ?
PM : C'est vrai on était très complices, on a partagé pleins de choses… et pas seulement des motos ! On s'est bien marré, on était vraiment heureux. Et quelque soit le type de compétition avec Bruno c'était extra. Même quand on faisait la Coupe XJR, on se bastonnait comme des chiffonniers. J'ai pleins de souvenirs avec lui.
FB : Quel était ton point fort en pilotage ?
PM : J'étais plutôt bien en entrée de virage.
FB : Et ton point faible ?
PM… Moment de réflexion … La préparation physique.
FB : Comment s'est passée ta reconversion ?
PM : C'est assez difficile de dire qu'à un moment tu ne vas plus piloter en course et au début je ne comprenais pas comment ceux qui avaient arrêté pouvaient l'assumer, mais finalement ça ne m'a pas trop posé de problèmes car je fais toujours beaucoup de moto. Je fais quand même 6 à 7 milles kilomètres de moto par an. J'ai conservé tout le plaisir du pilotage sans les inconvénients. Tout ce qu'il y a autour ne me plaît plus, les contrôles techniques et administratifs, les horaires etc… Mais j'adore ça
FB : Parles nous de tes occupations actuelles.
PM : Je suis bien occupé…Je couvre les Grands Prix pour Eurosport. Je fais mes deux rubriques pour AUTO MOTO. La rubrique " racing " et la rubrique " people ". Je suis également conseiller moto pour AXA. Je m'occupe de la partie moto du circuit Paul Ricard…. Et je m'occupe bien entendu de mon école, permis motos, enfants, stage de perfectionnement de pilotage …
FB : Toi qui suis de l'intérieur les Grands Prix, après avoir été pilote toi même, quel est ton avis sur l'évolution actuelle ?
PM :Je trouve qu'ils ont pris des " mauvais trucs " de la F1. C'est dommage parce que je crois que la moto doit rester " bon enfant ", plus décontracté. D'ailleurs les pilotes eux, dans l'ensemble ont l'esprit motards, mais c'est tout l'environnement autour qui est très contraignant. Tout est " fliqué ", tu as du mal à bosser. A part les pilotes qui sont de vrais sportifs, tout le reste c'est du vrai business.
FB : Le Championnat de France actuel, quel est ton regard ?
PM : Je ne suis pas beaucoup le Championnat de France. Mais je vais le suivre un peu plus car mon fils Edouard va le faire… Mais je ne le regarde pas assez, mais c'est compliqué car je suis très pris par les Grands Prix. Mais j'essaye de regarder les résultats. Ce que je trouve dommage c'est la longueur trop courte du championnat. C'est dommage de devoir aller en Espagne pour pouvoir continuer la saison. Mais je suis bien placé pour savoir que c'est compliqué d'avoir des dates sur les circuits actuellement. Ce que je regrette c'est qu'avant tous les pilotes inters Français faisaient le Championnat de France en même temps que les Grands Prix. C'est ce qui peut expliquer le désintérêt pour le championnat de France. Avant il y avait des vedettes. Quand tu avais en Championnat de France, les Rougerie, Baldé, Chevalier qui se battaient en tête du mondial ça relevait automatiquement le niveau français.
C'est vrai que c'est compliqué aujourd'hui, les dates ne concordent pas, ce ne sont pas les mêmes motos qu'en mondial. Mais je pense qu'il faudrait creuser dans ce sens pour faire venir des vedette et ainsi plus médiatiser le Championnat de France
FB : D'autres commentaires ?
PM : Je voudrai rajouter que j'ai de la chance de faire ce que j'ai fait et que je continue à faire. Je suis un vrai veinard. J'ai toujours fait de la course et d'autres trucs à coté, mais cela s'est toujours bien passé. Si j'avais fait de la course " intensément ", je serais passé à coté de pleins de choses dans la vie de tous les jours. J'ai fait la course comme j'avais envie de le faire, plutôt à l'ancienne, plus " cool ". La course m'a permis de découvrir pleins de mecs géniaux. Et quand je vais sur ton site BIKE 70, je retrouve cette " ambiance ". Même si la course n'a pas commencé en 70. Avant il y avait de grands champions. Des pilotes comme Hailwood, Pierre Monneret mon demi-frère, Duke … Mais c'est vrai que les années 70, c'était les années de mon enfance et mes idoles c'étaient Rougerie, Chevalier, Fernandez ou un gars comme Jacques Roca qui était un vrai passionné et qui m'a aidé juste par sympathie.
J'aime bien aller sur ton site pour revoir tout ça, les photos, les vidéos de Bruno, je suis nostalgique de ces années là. Pas passéiste, mais nostalgique.
J'aime bien allez de l'avant, mais il faut arrêter de dire que les anciens n'attaquaient pas, surtout avec le matériel qu'ils avaient. C'était certainement plus compliqué de bien faire marcher la Honda 6 d'Hailwood que les motos GP actuellement. Aujourd'hui les motos ne cassent pratiquement plus, hier il fallait faire attention à ne pas serrer. Toutes les époques ont leurs intérêts, mais c'est bien de pouvoir rendre hommage à ceux qui ont fait l'histoire de la moto de compétition.
Et puis il y a tous les " trucs " à coté de la course… mais ça on ne peut pas le mettre sur ton site.
Philippe Monneret
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