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Frédéric Michel

Photos Gérard Délio

Né le 16/07/1957 

Cette semaine nous avons rencontré, Frédéric Michel, ancien pilote, père de pilote et partenaires de nombreux pilotes de renom par l'intermédiaire des marques qu'il gère dans sa société MAD ... "du pur jus" de passionné de compétition moto...

Fred, peux tu te présenter ? 

Je suis né à Aix en Provence le 16 Juillet 1957 (eh oui, bientôt 50 ans… Les cadeaux ne seront pas refusés !). Une famille géniale, deux filles, un garçon (Alexis, le pilote), un petit fils (grand père, ça fait vieillir mais c'est trop top), deux ex-femmes qui sont très sympa depuis que " ex ", quelques copines et AUCUN projet de " se remettre ". Je vis à Puyricard (près d'Aix) avec mon fils et ma plus jeune fille… … Bref, mieux que ça, ça doit exister mais je ne vois pas !

Ton passé de pilote, palmarès, souvenirs. ?

Je suis venu à la course grâce à mes potes aixois de l'époque (c'étaient les promos, la coupe kawa…), Merlin, Agopian… c'était très tentant de faire comme eux. Au début (78), j'ai voulu toucher à tout ; 125 national, 250 promo, 1000 promo ; ensuite, j'ai trouvé que le 125 était ma voie. 1980 a été mon année. Pendant l'hiver, Jean Louis Guignabodet m'appelle " Mon père et moi devenons importateur MBA, l'an dernier au Mans tu étais plus vite que moi (la pole devant tous les inters !!!) ; ça te dirait de devenir notre pilote ? " >>> c'est où qu'on signe ???
Finalement le titre 125 en fin d'année, c'est un beau conte de fées. Ensuite, en 81 & 82, j'ai fait ce que faisaient les inters français, Europe, quelques GP et toutes les courses inters belges, anglaises… Souvent entre 10 et 15 (mais ça ne marquait pas à cette époque), ma meilleure place a été 5ème à Donnington, et sans aucune modestie, encore aujourd'hui j'en suis fier ! Au final, une expérience de vie inestimable qui aujourd'hui m'aide encore au quotidien en m'ayant appris à persévérer et avoir la rage de gagner.


Tes meilleurs souvenirs ?

Tout d'abord ma première victoire, c'était en 1978, les promo endurance 1000 au Castellet avec Jean Michel Mattioli ; c'est toujours bien une victoire, mais la première, c'est aussi savoureux que la première " petite anglaise " ! Puis à Nogaro en 1980 (à l'arrivée de la course où je finissais champion de France), ouah !!! Et la joie de mon père sous le podium ! Puis des choses plus simples, mais tellement importantes, comme une partie de pêche avec les autres pilotes, au bord d'un lac en Finlande. Après toutes ces années, le diaporama reste présent dans la tête comme au premier jour.

Ton plus mauvais ?Non, je n'en trouve pas. Des difficultés, des erreurs, des échecs, des " pas de bol ", mais franchement, avec le recul, chaque événement m'a apporté un enseignement, charge à moi d'en tirer profit… … donc, non, rien n'a été mauvais en soi. 

Une ou des anecdotes ?

Lazzarini qui repart des stands en même temps que moi ; " tiens il rode ses pneus, je le suis pour voir les traj. "; et en un tour, je claque un chrono d'un autre monde. Il ne rodait rien du tout !!!
Chute à Villa Véal, (Championnat d'Europe Portugal), la moto et moi traversons les arcades d'une galerie marchande en ville. Les spectateurs me relèvent, m'assoient avec eux à une terrasse de café pour voir la fin de la course tout en m'offrant une quantité impressionnante de remontants ; je reviens aux stands en titubant ; et hop direction l'infirmerie pour voir les causes de ce " choc à la tête ".

Parles nous de ta reconversion, ton parcours professionnel ?

1982, mon pote Christian Roberty : "hé Fred, je viens de monter une petite société de vente d'accessoires moto, viens bosser avec moi, on va se marrer. " Aujourd'hui, nous avons été récompensés de nos efforts, MAD fait partie des leaders de l'accessoire moto (nous distribuons notamment, Arai, Thor, Continental… Big Store). Nous avons aussi vécu une étape très sympa avec Ipone, de la création en 1984 jusqu'à la vente de la marque en 1998. Et de nouveaux challenges nous attendent encore. Au final, l'entreprise est prospère, c'est une agréable récompense ; et surtout j'y prends toujours autant de plaisir, chaque jour je pars travailler avec un entrain qui ne faiblit pas.

Quelle est ton implication aujourd'hui dans la course ?

Mon implication est avant tout d'ordre " passion ", la course c'est un virus tenace. Christian Roberty le partage tout autant que moi, c'est pour cela que fréquemment, au travers de la société Mad, nous apportons notre soutien à des pilotes… … Qui nous le rendent bien, comme Mascio, champion du monde cross avec Big Store, Fabien Foret en 2002 Supersport. Et Arnaud Vincent Champion du monde aussi cette même année, tous deux avec les couleurs Big Store. Puis plus récemment, les frères Pourcel avec les lubrifiants Boxer. Et cette année Fabien Foret encore (bravo pour ta récente victoire Fabien,) avec les couleurs de Boxer et de Mike (notre marque de cuirs).

Les débuts de ton fils ?

Maintenant il y a Alexis ; il a voulu s'y mettre, je l'y ai encouragé bien sur. Je m'efforce de la faire profiter de mon expérience, tout en le laissant suivre sa voie personnelle ; je lui souhaite d'atteindre et de surpasser ses objectifs sportifs puis d'en retirer plus tard un grand profit pour la vie.

Quelle est ton implication dans le team Dans le team d'Alexis : " Provence Moto Sports "? 

Je m'efforce avant tout de ne pas jouer les " papa de pilote qui se mêle de tout ". Le team est très bien structuré, ce sont des professionnels qui connaissent à fond leur boulot et qui m'accueillent en ami. Hormis des rôles d'appoint comme chronos, vidéos, etc, je viens principalement parce que Alex et moi sommes très proches, il apprécie que je sois avec lui et c'est réciproque.

Que ressent un père quand son fils court : fierté, angoisse ... ?

Fierté, normal ! Vous avez vu comme il est fort mon fiston à moi ? Angoisses, oui c'est certain, le contraire serait du manque de réalisme. Sur la balance, la fierté et la synergie vers les objectifs communs l'emportent largement

Quel est ton regard sur le championnat de France ?

Je commence par faire le négatif : Nos épreuves attirent peu de spectateurs, donc motivent peu nos organisateurs Elles intéressent peu de lecteurs, donc motivent peu notre presse spécialisée. Mais ça ne fait pas aller de l'avant ; alors je vois dans notre championnat de belles avancées : Plus d'épreuves cette année, un calendrier plus étalé et mieux cadencé, un timing d'organisation plus judicieux (recette Guyot), une animation qui commence à séduire les spectateurs… … Il me semble que nous sommes engagés dans une spirale vertueuse.

Tes idées ou suggestions pour l'avenir ?

Je pense que tout passe par l'argent. Nous pratiquons un sport qui a besoin d'argent ; pour l'y attirer, je ne vois qu'une solution, " investir préalablement ", il me parait illusoire que des sponsors sérieux puissent s'impliquer réellement si ils sont les seuls ou les premiers. Alors, je ne suis pas compétent sur les moyens pour une fédération d'obtenir d'importants fonds " publics " ; si cela est du domaine du possible, un investissement sur une période conséquente (3 ans) pourrait donner au championnat des moyens en terme de communication qui, judicieusement utilisés attireraient ensuite des annonceurs. Les entreprises seraient alors moins frileuses, car les calculs en termes de dépense / retombées média seraient plus motivants. Dans le cas de ma société, nous nous y sommes investis à quelques reprises (la dernière fois avec un Team Big Store en 2004 & 2005), plus par amour de notre sport que dans un but de retombées rentables. 

Que penses tu de l'action de Christophe et du GMT Open ?

Il a agi ; nous sommes nombreux à parler, lui il a fait quelque chose. Chapeau bas ! Ca m'étonnerait beaucoup que cela soit rentable pour lui, vraiment ce gars m'impressionne. 

On parle de plus en plus de la nécessité d'avoir un " promoteur ", qu'en penses tu ? 

J'en suis convaincu (voir mes commentaires sur l'argent quelques lignes plus haut) Un promoteur qui verra dans ce championnat une source concrète de profit, l'orientera vers un succès certain. Mais attention à ne pas renier ce qui est fait aujourd'hui ni les gens qui le font. Nous sommes, en comité privé, nombreux à critiquer " la fédé " ; gardons à l'esprit que nous avons à faire à des bénévoles, dévoués, qui ont le droit se tromper, et qui permettent à ce qui existe, " d'exister " Le promoteur devra prendre tous ces gens en considération, il en ressortira un vrai gain pour tous.

Quel est ton avis sur le niveau du championnat de France ?

Je me rappelle de l'époque où jeune national en 125, je pouvais au départ d'une course se mesurer à des gars qui faisaient de belles places en GP (Guignabodet, Bolle, Dupont, Selini, Erouard, Noblesse, Plisson…)et ça ce n'est que la 125. En 250, ceux de devant remplissaient les premières lignes de GP ! Il est certain que cela aide à avancer (4ème avant de " casser " lors de mon premier Europe à Mugello) Aujourd'hui, nos meilleurs pilotes ont beaucoup de mal lors de leurs débuts à l'étranger.

Quels sont les pilotes qui t'ont " marqués " ?

Hier : Carlos Lavado, un pilotage qui me faisait halluciner, un type " plus sympa tu meurs ", un fêtard (ho la la , la bringue sur le ferry pour la suède). Vraiment ce mec c'était un vrai pilote… … Et en plus j'étais son professeur pour le Rubik's Cube, alors les bons coups de main pour les engagements auprès des organisateurs en GP, ça a parfois bien aidé. Aujourd'hui : Désolé pour l'originalité, je vote Rossi, no comment.

Quels sont tes loisirs ? 

Belles voitures & Blonde en WE à St Tropez !!! Je peux dire ça sans risque, je suis célibataire !

Autres commentaires ?

Pilote de moto, c'est une étape fantastique dans la vie, qui forge le caractère et fait grandir ; à ce titre, j'ai eu dans mon équipe de vente plusieurs anciens pilotes. Bertrand Piaton, Christian Le Badezet, Claude Willette, Gilles Husson, Gilles Algay, Richard Hubin… Tous ont fait preuves de réelles qualités de " battant ", c'est un grand plus.

Merci Fred, à se revoir sur un circuit et bravo au fiston pour son super début de saison...Francis  

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