La Coupe Kawa de Remy Saget

« Mes années Coupe »  

La coupe Kawa, toutes proportions gardées, c’est un peu pour les motards ce que fut le festival de Woodstock pour les amateurs d’acid-rock. Il y a ceux qui en rêvent, ceux qui en parlent, et ceux qui l’ont fait et sont toujours vivants pour raconter.
Un peu comme Rémy Saget, avocat au barreau de Colmar et survivant rigolard d’une époque où, selon le slogan usité, « l’amour était sans risque et les motos dangereuses ». À le voir aujourd’hui, portant beau la quarantaine, on a évidemment un peu de mal à l’imaginer dans un cuir râpé jusqu’à la corde, à s’arsouiller au milieu d’une bande d’agités de l’intégral, et dont la seule raison de vivre était de freiner plus tard que son voisin. Pourtant, dites « Coupe Kawa » et le regard bleu de Rémy Saget s’allume comme un cylindre gavé au méthanol. L’affaire démarre d’ailleurs comme un dragster. «La première fois, c’était en 1975 avec Antoine Stoeckel et Marc Bastian. Il y avait 440 inscrits et donc les groupes de qualifs se font par ordre alphabétique. A l’arrivée du mien, je finis premier devant Christian Sarron et Antoine Stoeckel. »  L’ami Tony est devenu restaurateur à Thannenkirch et Christian Sarron... champion du monde moto en 1984 ! Malgré ce fait d’armes, Rémy Saget rate la finale. En 1976, il remet le couvert et surtout du gros gaz pour terminer 20e. Une belle perf, vu le nombre de pilotes inscrits et les futures cartes de visite des vainqueurs (Leliard, Saul, Pons, Samin...).

A l’époque, la Coupe Kawa est l’antichambre des grands prix et en 1977 notre Colmarien termine carrément 8e. « Franchement, ce fut une grande année, avec la victoire de Marc Fontan » (NDLR : ce dernier finira officiel Yamaha en GP 500).
Cette année- là, son poste de « pion » lui permet de s’en sortir un peu mieux financièrement, de mieux préparer sa machine, mais ses études de droit connaissent quelques ratés à l’allumage. « Le problème, c’est que l’examen de fin d’année était le même jour que la course au Castellet. J’étais troisième au général et on courait en lever de rideau du grand prix de France. J’ai dit à ma mère que j’allais passer mes examens... et j’ai foncé au Castellet. » En 1978, le Code Pénal reprend ses droits sur l’intégral mais en 79 notre avocat stagiaire trouve le moyen de travailler chez un avocat fan de sports mécaniques. Grâce à un emploi du temps adapté, Rémy Saget se relance en Promosports avec une 1000 Kawasaki (la Coupe Kawa a disparu), roule en endurance avec le regretté Jean Monnin, puis quitte définitivement les stands pour le prétoire le 20 avril 1980, sans oublier pour cette dernière de signer le meilleur temps des essais. De ses années « Coupes », Rémy Saget se souvient évidemment de l’ambiance « chaud-bouillant » digne du Joe Bar Team, mais surtout d’un état d’esprit unique. « Ce n’est pas une légende. Les courses, c’était vraiment chaud, limite cinglé. Mais en dehors de la piste, il y avait une vraie camaraderie. On mangeait tous ensemble, on dépannait le voisin quand il lui manquait une pièce. La Coupe Kawa, c’était vraiment un truc unique." L.G. (Extrait du journal L'Alsace de mai 2002)

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