Photo Bruno Laurent
Ce Bol 1984 restera gravé dans pas mal de mémoires pour toutes les péripéties dont il a été emmaillé.
Ce fut également le Bol de la déroute des Honda archi favorites et de la victoire de la Suzuki pilotée par Jean Pierre Oudin et Patrick De Radigués Et surtout ce fut la victoire d'un homme, Dominique Méliand qui a force de courage, de patience et d'une ténacité sans faille a amené sa moto sur la plus haute marche du podium. On peut effectivement être admiratif, quand on sait qu'il a remonté une moto tout seul, avec des pièces déjà utilisées dont un cadre vieux de deux ans, sans l'aide du Japon ... si ce n'est le prêt d'un moteur de 750 cc sans prétention dont il disait avant la course : "Un bon truc, un peu juste en fiabilité. Les parois sont étroites et il a tendance à se déformer. Mais j'y crois ..." Car pour Dominique l'avenir c'est 1985, car il sait que le tout nouveau Suzuki 750 devrait être très performant ... alors en attendant il faut tenir et montrer aux Japonais sa qualité de préparateur... Et il a gagné.
Les Essais
Pourtant en face, chez Honda que du beau monde. Sur les deux machines hyper favorites on retrouve le gratin de la vitesse française. Roche, Bertin, Sarron et Coudray, Vierra, Igoa... c'est du lourd ... les chronos des essais ne font que confirmer cette domination : 1er Roche/Bertin/Saron en 2.08.33,
2eme : Coudray/Igoa/Vierra en 2.08.87. La Suzuki de De Radigués/Oudin est 3eme, en 2.11.70
La course
Dés le départ, un accident va se produire entre le pilote suisse Monsch et ... le Président de la FFM, Jean Lesueur, qui ne s'est pas écarté suffisamment, au moment où les motos s'élançaient après le baisser du drapeau... les deux hommes furent transportés à l'hôpital de Toulon... mais plus de peur que de mal. Pendant ce temps les deux Honda filent en tête.
16H20, premier coup de théâtre avec la chute de Jean Monin sur la Kawa officielle. Il ramène sa machine mais perd 25 minutes.
Bertin pousse la Honda suite à sa chute17H40, chute de la Honda officielle N°2 pilotée par Bertin dans la Verrerie. Guy pousse sa machine pendant 55 minutes... sur 5 kilomètres... C'est l'autre Honda qui prend le commandement. Après les 18 minutes que dure la réparation, Dominique Sarron reprend le guidon de la Honda N°2 ... le couteau entre les dents ... il tourne alors en 2.10 et commence sa remontée... Mais il sera trahi par la mécanique en plein milieu de la ligne droite. Le moteur de la Honda est out et au bout de 5 heures de course elle abandonne. Au même moment Guichon sur la Ducati officielle N° 6 pousse sa machine... suite à une panne d'essence.
6e heure : C'est au tour de la Suzuki de Oudin/De Radigués de rentrer au stand pour changer l'alternateur. A noter la belle performance de la Yamaha 500 RDLC de Foray/Vallée/Husson qui était dans les 10 premiers et qui rétrograde.
7e heure : Gros problème pour la National Moto de Bonhuil/Imart/Coroner qui reprend la piste après 3 heures d'arrêt suite à un problème de boite (voir vidéos). Arrêt pour la Kawasaki d'Espié/Berthod/Gouin qui a du remplacer son allumage et sa rampe de carbus. La Kawa de Vial/Peyre/Bran, quant à elle, casse sa chaîne de transmission primaire.
9e heure : Il est 0H20 quand la Honda de tête rentre au stand pour remplacer un joint de culasse. C'est donc la Suzuli N°4 de Oudin/De Radigués qui prend la tête de la course. C'est plus grave pour Kawasaki Ninja N° 8 d'Espié/Berthod/Gouin qui abandonne suite à la rupture d'un axe de piston.
10e heure : C'est l'abandon de la Honda N° 1, après avoir réparé le premier joint de culasse ... c'est le deuxième qui lâche (moteur V4). La Japauto de Luc/Battistini/De Puniet talonne à un tour la Suzuki de tête. En 3e position on retrouve la Ducati de Villa/Cussigh qui ne roulent qu'à 2 suite à la blessure de Perugini. 4e on retrouve une autre Ducati, celle de Guichon/ Granié/ Vuillemin.
12e heure : Le rêve italien s'envole, en effet la Ducati de Guichon/Granié/Vuillemin abandonne suite à la casse de la chaîne primaire qui a éclaté le carter moteur.
13e heure : C'est ensuite au tour de Villa, sur l'autre Ducati, de chuter dans les S de la Verrerie. La moto est détruite et on emmène Walter sur Toulon, il s'en tire avec des contusions et deux doigts de cassés. C'est bien sur l'abandon pour la Ducati... dommage. Heureusement il reste une Ducati en course, celle engagée par St Jean Motos et pilotée par Amoyel/Crouzal/Rouillet ... elle pointe alors en 8e position.
14e heure : Apparition de la pluie, qui contraint les équipages à changer de pneus.
18e heure : Peu après 8 heures, De Puniet chute avec la Japauto, alors qu'il venait de prendre la tête !!!
19e et 20e heure : La pluie est remplacée par un épais brouillard ... Pierre Etienne Samin, les yeux rougis, explique "Dans le Mistral, c'est comme si tu te jetais dans le vide ..." . La Direction de Course décide de suspendre l'épreuve. Les motos rentrent en parc fermé.
21e heure : C'est reparti. Après plus de deux heures de neutralisation un 2e départ est donné selon la procédure habituelle.
24e heure : C'est donc la Suzuki N° 4 de Oudin/De Radigués qui remporte ce 48e Bol d'Or.
Francis Boutet