René Guili fait partie de la légende du sport moto. Légende car il a écumé tous les circuits du monde et s’est battu avec les plus grands. Légende car René est mort et ressuscité deux fois … René étant plus à l’aise sur les grosses cylindrées, c’est donc tout naturellement qu’il réalise ses plus belles performances dans la catégorie 750 et en endurance. Il devient ainsi Champion de France Inter 750 en 1974. René s’est illustré sur circuit en moto et en auto (finaliste du volant Shell), mais également en courses de côte et en Rallye raid.
Revenons un instant sur ces 2 décès … René est un pilote fougueux et il a arrêté de compter ses chutes et fractures. Par contre ce que René n’a jamais oublié, ce sont les événements qu’il l’ont vu mourir et renaître par deux fois. La première fois c’était en mars 1975 sur le circuit de Rouen les Essarts à Rouen où était organisée une course internationale. Dans la catégorie 350-1000, René est en tête devant Michel Rougerie, mais il perd le contrôle de sa machine et chute très violemment dans la portion la plus rapide du circuit. René ne se relève pas, il a les côtes brisées et sous le choc son cœur s’arrête de battre. Le service médicale ne tente pas de le réanimer et le recouvre d’une bâche le laissant pour mort. Mais heureusement pour René, l’un des organisateurs décide de tenter le tout pour le tout et réalise un massage cardiaque … et le cœur repart … et il Re-né, comme il aime si bien le dire en blaguant sur son prénom.
La deuxième fois, en 1977, René décide de tenter l’aventure Rallye Côte-Côte Abidjan-Nice, (l’ancêtre du Paris Dakar) et il accepte l’offre de Yamaha qui lui confie une 400 DTMX semi-usine. René se débrouille tellement bien au guidon de cette machine qu’il mène la course jusqu’à ce qu’il trouve sur sa route une terrible dune. Il est alors catapulté à plus de 40 m de haut et tombe à 140 m du point d’impact et au contact du sol il s’explose littéralement. L’organisation envoie dans un premier temps un avion pour le repérer. Mais finalement c’est un concurrent auto du rallye, qui jugeant la situation intolérable, décide de ramener René sur le toit de sa voiture afin de le conduire à l’hôpital le plus proche situé à 400 km. Mais l’hôpital n’a pas le matériel nécessaire pour traiter ce genre de comas et le corps est laissé 12 jours avant d’être rapatrier par avion vers la France.
René se retrouve dans un hôpital parisien à Paris, où il est pris en charge. Commence alors pour René une période très difficile car Il devra tout ré-apprendre, à lire, à écrire… il ne reconnaissait même pas sa maman qui pleurait au pied de son lit.
René a mis trois ans à récupérer de cette dernière chute. Ensuite il n’a jamais retrouvé toutes ses sensations sur piste et il décide de mettre fin à sa carrière sportive.
Au tout début
Mais revenons au tout début, quand René a commencé à rouler en deux roues à moteur ... C'est à l'âge de 10 ans que René a eu une révélation mystique, en effet planqué près de l'église, le garnement attendait que les paroissiens de son village rentrent dans l'église pour aller leur emprunter leur mobylette et lorsque les cloches sonnaient, annonçant la fin de l'office, René rappliquait pour remettre en place la meule chapardée le temps d'une ballade. A 18 ans, sur une Triton, il commence la compétition dans les courses de côtes de sa région, la Savoie. René se débrouille plutôt bien et il décide de s'essayer sur circuit, mais en 1967, un terrible accident de la route l'immobilise pendant près d'un an à l'hôpital. En 1968, René reprend le guidon d'une moto de course et il est sacré Champion de France sur Norton Manx. Voulant progresser, l'année suivante René décide de participer à un maximum de courses à l'étranger afin de se frotter aux cadors de l'époque. Il réussit de bons résultats avec de nombreuses victoire et podiums.
En 1970, il est de nouveau sacré Champion de France en 350. Pendant toutes ces années René travaille l'hiver comme chauffeur-livreur et grâce a ses maigres économies et aux primes de course, il pouvait grappiller de quoi vivre. Du fait de son gabarit René vise la classe 750, mais il se ruine en achetant une 7500 Kawasaki ex usine qui était un "vieil os" ... Il faudra attendre 1974 et l'arrivée de la 700 TZ pour que René devienne l'un des meilleurs pilotes au monde dans cette catégorie. Cette année là il décroche le tire de Champion de France 750. A Magny Cours, après avoir terminé 2e de la première manche, il mena la course devant Sheene, mais devra s'arrêter pour remettre un guidon bracelet qui s'était desserré. Il terminera 5e des 200 milles d'Imola et à Dijon il se bat avec les tous bons et gagne même la 2e manche devant Pons et Doods, il finira 2e de la finale gagnée par Mortimer. Cette même année, au Bol d'Or, associé à Gérard Choukroun, René termine 2e au guidon d'une Kawasaki Godier Genoud.
En 1975, René commence la saison par une terrible chute à Rouen (voir ci dessus). Après une longue convalescence il reprend la route des circuits et en Championnat 750, il termine 7e en France (Magny Cours) et 6e en Suéde. Au Bol d'Or, avec Helmut Dhäne il partage le guidon d'une BMW d'usine et ils termine 4e. En 1976, Honda décide de confier à René une RCB d'usine pour le Championnat d'Europe. IL partage le guidon de la moto d'usine avec Hubert Rigal. Ils gagnent les 1000 km de Mettet et terminent 5e du Bol d'Or. En 750, à Dijon, René termine 3e da sa manche derrière Agostini et Estrosi, mais il abandonnera dans la finale. En 1977, c'est le terrible accident lors du Rallye Paris Abidjan Nice (voir dessus) .... Aujourd’hui René est chauffeur de Taxi à Sciez dans le 74. Mais on le retrouve avec grand plaisir lors des manifestations de motos anciennes, lors desquelles il ne se fait pas prier pour nous raconter ses exploits. La dernière fois que je l’ai vu nous avons longuement discuté du film l’Agression, film dans lequel, le réalisateur Gérard Pirès, lui avait confié le guidon de la moto traveling.
A propos de Gérard Pirès la légende veut que l’idée de faire un film sur un taxi un peu fou, soit venue au réalisateur suite à une conversation qu’il aurait eu avec René … René est plus qu’un pilote de légende … il est devenu une véritable légende … vivante ... pour notre plus grand plaisir.
René est décédé des suites d'une longue maladie, le 22 juin 2024
Interview de René Guili sur le film l'Agression |